The Project Gutenberg EBook of Le Blanc et le Noir, by Voltaire (#10 in our series by Voltaire) Copyright laws are changing all over the world. Be sure to check the copyright laws for your country before downloading or redistributing this or any other Project Gutenberg eBook. This header should be the first thing seen when viewing this Project Gutenberg file. Please do not remove it. Do not change or edit the header without written permission. Please read the "legal small print," and other information about the eBook and Project Gutenberg at the bottom of this file. Included is important information about your specific rights and restrictions in how the file may be used. 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OEUVRES DE VOLTAIRE. TOME XXXIII DE L' IMPRIMERIE DE A. FIRMIN DIDOT, RUE JACOB, N� 24. OEUVRES DE VOLTAIRE PR�FACES, AVERTISSEMENTS, NOTES, ETC. PAR M. BEUCHOT. TOME XXXIII. ROMANS. TOME I. A PARIS, CHEZ LEF�VRE, LIBRAIRE, RUE DE L'�PERON, K� 6. WERDET ET LEQUIEN FILS, RUE DU BATTOIR, N� 2O. MDCCCXXIX. LE BLANC ET LE NOIR. Pr�face de l'�diteur Les deux contes, _Le Blanc et le Noir_, _Jeannot et Colin_, font partie du volume qui parut, en 1764, sous le titre de Contes de Guillaume Fade. ------ Les notes sans signature, et qui sont indiqu�es par des lettres, sont de Voltaire. Les notes sign�es d'un K sont des �diteurs de Kehl, MM. Condorcet et Decroix. Il est impossible de faire rigoureusement la part de chacun. Les additions que j'ai faites aux notes de Voltaire ou aux notes des �diteurs de Kehl, en sont s�par�es par un--, et sont, comme mes notes, sign�es de l'initiale de mon nom. BEUCHOT. 4 octobre 1829. LE BLANC ET LE NOIR. 1764. Tout le monde dans la province de Candahar conna�t l'aventure du jeune Rustan. Il �tait fils unique d'un mirza du pays; c'est comme qui dirait marquis parmi nous, ou baron chez les Allemands. Le mirza, son p�re, avait un bien honn�te. On devait marier le jeune Rustan � une demoiselle, ou mirzasse de sa sorte. Les deux familles le d�siraient passionn�ment. Il devait faire la consolation de ses parents, rendre sa femme heureuse, et l'�tre avec elle. Mais par malheur il avait vu la princesse de Cachemire � la foire de Cabul, qui est la foire la plus consid�rable du monde, et incomparablement plus fr�quent�e que celle de Bassora et d'Astracan; et voici pourquoi le vieux prince de Cachemire �tait venu � la foire avec sa fille. Il avait perdu les deux plus rares pi�ces de son tr�sor: l'une �tait un diamant gros comme le pouce, sur lequel sa fille �tait grav�e par un art que les Indiens poss�daient alors, et qui s'est perdu depuis; l'autre �tait un javelot qui allait de lui-m�me o� l'on voulait; ce qui n'est pas une chose bien extraordinaire parmi nous, mais qui l'�tait � Cachemire. Un faquir de son altesse lui vola ces deux bijoux; il les porta � la princesse. Gardez soigneusement ces deux pi�ces, lui dit-il; votre destin�e en d�pend. Il partit alors, et on ne le revit plus. Le duc de Cachemire au d�sespoir r�solut d'aller voir, � la foire de Cabul, si de tous les marchands qui s'y rendent des quatre coins du monde il n'y en aurait pas un qui e�t son diamant et son arme. Il menait sa fille avec lui dans tous ses voyages. Elle porta son diamant bien enferm� dans sa ceinture; mais pour le javelot qu'elle ne pouvait si bien cacher, elle l'avait enferm� soigneusement � Cachemire dans son grand coffre de la Chine. Rustan et elle se virent � Cabul; ils s'aim�rent avec toute la bonne foi de leur �ge, et toute la tendresse de leur pays. La princesse, pour gage de son amour, lui donna son diamant, et Rustan lui promit � son d�part de l'aller voir secr�tement � Cachemire. Le jeune mirza avait deux favoris qui lui servaient de secr�taires, d'�cuyers, de ma�tres-d'h�tel, et de valets de chambre. L'un s'appelait Topaze; il �tait beau, bien fait, blanc comme une Circassienne, doux et serviable comme un Arm�nien, sage comme un Gu�bre, l'autre se nommait �b�ne; c'�tait un n�gre fort joli, plus empress�, plus industrieux que Topaze, et qui ne trouvait rien de difficile. Il leur communiqua le projet de son voyage. Topaze t�cha de l'en d�tourner avec le z�le circonspect d'un serviteur qui ne voulait pas lui d�plaire; il lui repr�senta tout ce qu'il hasardait. Comment laisser deux familles au d�sespoir? comment mettre le couteau dans le coeur de ses parents? Il �branla Rustan; mais �b�ne le raffermit et leva tous ses scrupules. Le jeune homme manquait d'argent pour un si long voyage. Le sage Topaze ne lui en aurait pas fait pr�ter; �b�ne y pourvut. Il prit adroitement le diamant de son ma�tre, en fit faire un faux tout semblable qu'il remit � sa place, et donna le v�ritable en gage � un Arm�nien pour quelques milliers de roupies. Quand le marquis eut ses roupies, tout fut pr�t pour le d�part. On chargea un �l�phant de son bagage; on monta � cheval. Topaze dit � son ma�tre: J'ai pris la libert� de vous faire des remontrances sur votre entreprise; mais, apr�s avoir remontr�, il faut ob�ir; je suis � vous, je vous aime, je vous suivrai jusqu'au bout du monde; mais consultons en chemin l'oracle qui est � deux parasanges d'ici. Rustan y consentit. L'oracle r�pondit: �Si tu vas � l'orient, tu seras � l'occident.� Rustan ne comprit rien � cette r�ponse. Topaze soutint qu'elle ne contenait rien de bon. Eb�ne, toujours complaisant, lui persuada qu'elle �tait tr�s favorable. Il y avait encore un autre oracle dans Cabul; ils y all�rent. L'oracle de Cabul r�pondit en ces mots: �Si tu poss�des, tu ne poss�deras pas; si tu es vainqueur, tu ne vaincras pas; si tu es Rustan, tu ne le seras pas.� Cet oracle parut encore plus inintelligible que l'autre. Prenez garde � vous, disait Topaze. Ne redoutez rien, disait �b�ne; et ce ministre, comme on peut le croire, avait toujours raison aupr�s de son ma�tre, dont il encourageait la passion et l'esp�rance. Au sortir de Cabul, on marcha par une grande for�t, on s'assit sur l'herbe pour manger, on laissa les chevaux pa�tre. On se pr�parait � d�charger l'�l�phant qui portait le d�ner et le service, lorsqu'on s'aper�ut que Topaze et �b�ne n'�taient plus avec la petite caravane. On les appelle; la for�t retentit des noms d'�b�ne et de Topaze. Les valets les cherchent de tous c�t�s, et remplissent la for�t de leurs cris; ils reviennent sans avoir rien vu, sans qu'on leur ait r�pondu. Nous n'avons trouv�, dirent-ils � Rustan, qu'un vautour qui se battait avec un aigle, et qui lui �tait toutes ses plumes. Le r�cit de ce combat piqua la curiosit� de Rustan; il alla � pied sur le lieu, il n'aper�ut ni vautour ni aigle; mais il vit son �l�phant, encore tout charg� de son bagage, qui �tait assailli par un gros rhinoc�ros. L'un frappait de sa corne, l'autre de sa trompe. Le rhinoc�ros l�cha prise � la vue de Rustan; on ramena son �l�phant, mais on ne trouva plus les chevaux. Il arrive d'�tranges choses dans les for�ts quand on voyage! s'�criait Rustan. Les valets �taient constern�s, et le ma�tre au d�sespoir d'avoir perdu �-la-fois ses chevaux, son cher n�gre, et le sage Topaze pour lequel il avait toujours de l'amiti�, quoiqu'il ne f�t jamais de son avis. L'esp�rance d'�tre bient�t aux pieds de la belle princesse de Cachemire le consolait, quand il rencontra un grand �ne ray�, � qui un rustre vigoureux et terrible donnait cent coups de b�ton. Rien n'est si beau, ni si rare, ni si l�ger � la course que les �nes de cette esp�ce. Celui-ci r�pondait aux coups redoubl�s du vilain par des ruades qui auraient pu d�raciner un ch�ne. Le jeune mirza prit, comme de raison, le parti de l'�ne, qui �tait une cr�ature charmante. Le rustre s'enfuit en disant � l'�ne, Tu me le paieras. L'�ne remercia son lib�rateur en son langage, s'approcha, se laissa caresser, et caressa. Rustan monte dessus apr�s avoir d�n�, et prend le chemin de Cachemire avec ses domestiques, qui suivent les uns � pied, les autres mont�s sur l'�l�phant. A peine �tait-il sur son �ne que cet animal tourne vers Cabul, au lieu de suivre la route de Cachemire. Son ma�tre a beau tourner la bride, donner des saccades, serrer les genoux, appuyer des �perons, rendre la bride, tirer � lui, fouetter � droite et � gauche, l'animal opini�tre courait toujours vers Cabul. Rustan suait, se d�menait, se d�sesp�rait, quand il rencontre un marchand de chameaux qui lui dit: Ma�tre, vous avez l� un �ne bien malin qui vous m�ne o� vous ne voulez pas aller; si vous voulez me le c�der, je vous donnerai quatre de mes chameaux � choisir. Rustan remercia la Providence de lui avoir procur� un si bon march�. Topaze avait grand tort, dit-il, de me dire que mon voyage serait malheureux. Il monte sur le plus beau chameau, les trois autres suivent; il rejoint sa caravane, et se voit dans le chemin de son bonheur. A peine a-t-il march� quatre parasanges qu'il est arr�t� par un torrent profond, large, et imp�tueux, qui roulait des rochers blanchis d'�cume. Les deux rivages �taient des pr�cipices affreux qui �blouissaient la vue et gla�aient le courage; nul moyen de passer, nul d'aller � droite ou � gauche. Je commence � craindre, dit Rustan, que Topaze n'ait eu raison de bl�mer mon voyage, et moi grand tort de l'entreprendre; encore, s'il �tait ici, il me pourrait donner quelques bons avis. Si j'avais �b�ne, il me consolerait, et il trouverait des exp�dients; mais tout me manque. Son embarras �tait augment� par la consternation de sa troupe: la nuit �tait noire, on la passa � se lamenter. Enfin la fatigue et l'abattement endormirent l'amoureux voyageur. Il se r�veille au point du jour, et voit un beau pont de marbre �lev� sur le torrent d'une rive � l'autre. Ce furent des exclamations, des cris d'�tonnement et de joie. Est-il possible? est-ce un songe? quel prodige! quel enchantement ! oserons-nous passer? Toute la troupe se mettait � genoux, se relevait, allait au pont, baisait la terre, regardait le ciel, �tendait les mains, posait le pied en tremblant, allait, revenait, �tait en extase; et Rustan disait: Pour le coup le ciel me favorise: Topaze ne savait ce qu'il disait; les oracles �taient en ma faveur; Eb�ne avait raison; mais pourquoi n'est-il pas ici? A peine la troupe fut-elle au-del� du torrent que voil� le pont qui s'ab�me dans l'eau avec un fracas �pouvantable. Tant mieux! tant mieux! s'�cria Rustan; Dieu soit lou�! le ciel soit b�ni! il ne veut pas que je retourne dans mon pays, o� je n'aurais �t� qu'un simple gentilhomme; il veut que j'�pouse ce que j'aime. Je serai prince de Cachemire; c'est ainsi qu'en _poss�dant_ ma ma�tresse, je ne _poss�derai_ pas mon petit marquisat � Candahar. _Je serai Rustan, et je ne le serai pas_, puisque je deviendrai un grand prince: voil� une grande partie de l'oracle expliqu�e nettement en ma faveur, le reste s'expliquera de m�me: je suis trop heureux; mais pourquoi �b�ne n'est-il pas aupr�s de moi? je le regrette mille fois plus que Topaze. Il avan�a encore quelques parasanges avec la plus grande all�gresse; mais, sur la fin du jour, une enceinte de montagnes plus roides qu'une contrescarpe, et plus hautes que n'aurait �t� la tour de Babel, si elle avait �t� achev�e, barra enti�rement la caravane saisie de crainte. Tout le monde s'�cria: Dieu veut que nous p�rissions ici! il n'a bris� le pont que pour nous �ter tout espoir de retour; il n'a �lev� la montagne que pour nous priver de tout moyen d'avancer. O Rustan! � malheureux marquis! nous ne verrons jamais Cachemire, nous ne rentrerons jamais dans la terre de Candahar. La plus cuisante douleur, l'abattement le plus accablant, succ�daient dans l'ame de Rustan � la joie immod�r�e qu'il avait ressentie, aux esp�rances dont il s'�tait enivr�. Il �tait bien loin d'interpr�ter les proph�ties � son avantage. O ciel! � Dieu paternel! faut-il que j'aie perdu mon ami Topaze! Comme il pronon�ait ces paroles en poussant de profonds soupirs, et en versant des larmes au milieu de ses suivants d�sesp�r�s, voil� la base de la montagne qui s'ouvre, une longue galerie en vo�te, �clair�e de cent mille flambeaux, se pr�sente aux yeux �blouis; et Rustan de s'�crier, et ses gens de se jeter � genoux, et de tomber d'�tonnement � la renverse, et de crier miracle! et de dire: Rustan est le favori de Vitsnou, le bien-aim� de Brama; il sera le ma�tre du monde. Rustan le croyait, il �tait hors de lui, �lev� au-dessus'de lui-m�me. Ah! �b�ne, mon cher �b�ne! o� �tes-vous ? que n'�tes-vous t�moin de toutes ces merveilles! comment vous ai-je perdu ? Belle princesse de Cachemire, quand reverrai-je vos charmes ? Il avance avec ses domestiques, son �l�phant, ses chameaux, sous la vo�te de la montagne, au bout de laquelle il entre dans une prairie �maill�e de fleurs et bord�e de ruisseaux: au bout de la prairie ce sont des all�es d'arbres � perte de vue; et au bout de ces all�es, une rivi�re, le long de laquelle sont mille maisons de plaisance, avec des jardins d�licieux. Il entend partout des concerts de voix et d'instruments; il voit des danses; il se h�te de passer un des ponts de la rivi�re; il demande au premier homme qu'il rencontre quel est ce beau pays. Celui auquel il s'adressait lui r�pondit: Vous �tes dans la province de Cachemire; vous voyez les habitants dans la joie et dans les plaisirs; nous c�l�brons les noces de notre belle princesse, qui va se marier avec le seigneur Barbabou, � qui son p�re l'a promise; que Dieu perp�tue leur f�licit�! A ces paroles Rustan tomba �vanoui, et le seigneur cachemirien crut qu'il �tait sujet � l'�pilepsie; il le fit porter dans sa maison, o� il fut long-temps sans connaissance. On alla chercher les deux plus habiles m�decins du canton; ils t�t�rent le pouls du malade qui, ayant repris un peu ses esprits, poussait des sanglots, roulait les yeux, et s'�criait de temps en temps: Topaze, Topaze, vous aviez bien raison! L'un des deux m�decins dit au seigneur cachemirien: Je vois � son accent que c'est un jeune homme de Candahar, � qui l'air de ce pays ne vaut rien; il faut le renvoyer chez lui; je vois � ses yeux qu'il est devenu fou; confiez-le-moi, je le rem�nerai dans sa patrie, et je le gu�rirai. L'autre m�decin assura qu'il n'�tait malade que de chagrin, qu'il fallait le mener aux noces de la princesse, et le faire danser. Pendant qu'ils consultaient, le malade reprit ses forces; les deux m�decins furent cong�di�s, et Rustan demeura t�te � t�te avec son h�te. Seigneur, lui dit-il, je vous demande pardon de m'�tre �vanoui devant vous, je sais que cela n'est pas poli; je vous supplie de vouloir bien accepter mon �l�phant, en reconnaissance des bont�s dont vous m'avez honor�. Il lui conta ensuite toutes ses aventures, en se gardant bien de lui parler de l'objet de son voyage. Mais, au nom de Vitsnou et de Brama, lui dit-il, apprenez-moi quel est cet heureux Barbabou qui �pouse la princesse de Cachemire; pourquoi son p�re l'a choisi pour gendre, et pourquoi la princesse l'a accept� pour son �poux. Seigneur, lui dit le Cachemirien, la princesse n'a point du tout accept� Barbabou; au contraire elle est dans les pleurs, tandis que toute la province c�l�bre avec joie son mariage; elle s'est enferm�e dans la tour de son palais; elle ne veut voir aucune des r�jouissances qu'on fait pour elle. Rustan, en entendant ces paroles, se sentit rena�tre; l'�clat de ses couleurs, que la douleur avait fl�tries, reparut sur son visage. Dites-moi, je vous prie, continua-t-il, pourquoi le prince de Cachemire s'obstine � donner sa fille � un Barbabou dont elle ne veut pas. Voici le fait, r�pondit le Cachemirien. Savez-vous que notre auguste prince avait perdu un gros diamant et un javelot qui lui tenaient fort au coeur? Ah! je le sais tr�s bien, dit Rustan. Apprenez donc, dit l'h�te, que notre prince, au d�sespoir de n'avoir point de nouvelles de ses deux bijoux, apr�s les avoir fait longtemps chercher par toute la terre, a promis sa fille � quiconque lui rapporterait l'un ou l'autre. Il est venu un seigneur Barbabou qui �tait muni du diamant, et il �pouse demain la princesse. Rustan p�lit, b�gaya un compliment, prit cong� de son h�te, et courut sur son dromadaire � la ville capitale o� se devait faire la c�r�monie. Il arrive au palais du prince, il dit qu'il a des choses importantes � lui communiquer; il demande une audience; on lui r�pond que le prince est occup� des pr�paratifs de la noce: c'est pour cela m�me, dit-il, que je veux lui parler. Il presse tant qu'il est introduit. Monseigneur, dit-il, que Dieu couronne tous vos jours de gloire et de magnificence! votre gendre est un fripon. Comment un fripon! qu'osez-vous dire? est-ce ainsi qu'on parle � un duc de Cachemire du gendre qu'il a choisi? Oui, un fripon, reprit Rustan; et pour le prouver � votre altesse, c'est que voici votre diamant que je vous rapporte. Le duc tout �tonn� confronta les deux diamants; et comme il ne s'y connaissait gu�re, il ne put dire quel �tait le v�ritable. Voil� deux diamants, dit-il, et je n'ai qu'une fille; me voil� dans un �trange embarras! Il fit venir Barbabou, et lui demanda s'il ne l'avait point tromp�. Barbabou jura qu'il avait achet� son diamant d'un Arm�nien; l'autre ne disait pas de qui il tenait le sien, mais il proposa un exp�dient: ce fut qu'il pl�t � son altesse de le faire combattre sur-le-champ contre son rival. Ce n'est pas assez que votre gendre donne un diamant, disait-il, il faut aussi qu'il donne des preuves de valeur: ne trouvez-vous pas bon que celui qui tuera l'autre �pouse la princesse? Tr�s bon, r�pondit le prince, ce sera un fort beau spectacle pour la cour; battez-vous vite tous deux; le vainqueur prendra les armes du vaincu, selon l'usage de Cachemire, et il �pousera ma fille. Les deux pr�tendants descendent aussit�t dans la cour. Il y avait sur l'escalier une pie et un corbeau. Le corbeau criait, Battez-vous, battez-vous; la pie, Ne vous battez pas. Cela fit rire le prince; les deux rivaux y prirent garde � peine: ils commencent le combat; tous les courtisans fesaient un cercle autour d'eux. La princesse, se tenant toujours renferm�e dans sa tour, ne voulut point assister � ce spectacle; elle �tait bien loin de se douter que son amant f�t � Cachemire, et elle avait tant d'horreur pour Barbabou, qu'elle ne voulait rien voir. Le combat se passa le mieux du monde; Barbabou fut tu� roide, et le peuple en fut charm� parcequ'il �tait laid, et que Rustan �tait fort joli: c'est presque toujours ce qui d�cide de la faveur publique. Le vainqueur rev�tit la cotte de maille, l'�charpe, et le casque du vaincu, et vint, suivi de toute la cour, au son des fanfares, se pr�senter sous les fen�tres de sa ma�tresse, Tout le monde criait: Belle princesse, venez voir votre beau mari qui a tu� son vilain rival; ses femmes r�p�taient ces paroles. La princesse mit par malheur la t�te � la fen�tre, et voyant l'armure d'un homme qu'elle abhorrait, elle courut en d�sesp�r�e � son coffre de la Chine, et tira le javelot fatal qui alla percer son cher Rustan au d�faut de la cuirasse; il jeta un grand cri, et � ce cri la princesse crut reconna�tre la voix de son malheureux amant. Elle descend �chevel�e, la mort dans les yeux et dans le coeur. Rustan �tait d�j� tomb� tout sanglant dans les bras de son p�re. Elle le voit: � moment! � vue! � reconnaissance dont on ne peut exprimer ni la douleur, ni la tendresse, ni l'horreur! Elle se jette sur lui, elle l'embrasse: Tu re�ois, lui dit-elle, les premiers et les derniers baisers de ton amante et de ta meurtri�re. Elle retire le dard de la plaie, l'enfonce dans son coeur, et meurt sur l'amant qu'elle adore. Le p�re �pouvant�, �perdu, pr�t � mourir comme elle, t�che en vain de la rappeler � la vie; elle n'�tait plus. Il maudit ce dard fatal, le brise en morceaux, jette au loin ses deux diamants funestes; et, tandis qu'on pr�pare les fun�railles de sa fille, au lieu de son mariage, il fait transporter dans son palais Rustan ensanglant�, qui avait encore un reste de vie. On le porte dans un lit. La premi�re chose qu'il voit aux deux c�t�s de ce lit de mort, c'est Topaze et �b�ne. Sa surprise lui rendit un peu de force. Ah! cruels, dit-il, pourquoi m'avez-vous abandonn�? peut-�tre la princesse vivrait encore; si vous aviez �t� pr�s du malheureux Rustan. Je ne vous ai pas abandonn� un seul moment, dit Topaze. - J'ai toujours �t� pr�s de vous, dit �b�ne. Ah! que dites-vous ? pourquoi insulter � mes derniers moments? r�pondit Rustan d'une voix languissante. Vous pouvez m'en croire, dit Topaze; vous savez que je n'approuvai jamais ce fatal voyage dont je pr�voyais les horribles suites. C'est moi qui �tais l'aigle qui a combattu contre le vautour, et qu'il a d�plum�; j'�tais l'�l�phant qui emportait le bagage, pour vous forcer � retourner dans votre patrie; j'�tais l'�ne ray� qui vous ramenait malgr� vous chez votre p�re: c'est moi qui ai �gar� vos chevaux; c'est moi qui ai form� le torrent qui vous emp�chait de passer; c'est moi qui ai �lev� la montagne qui vous fermait un chemin si funeste; j'�tais le m�decin qui vous conseillait l'air natal; j'�tais la pie qui vous criait de ne point combattre. Et moi, dit �b�ne, j'�tais le vautour qui a d�plum� l'aigle; le rhinoc�ros qui donnait cent coups de corne � l'�l�phant, le vilain qui battait l'�ne ray�; le marchand qui vous donnait des chameaux pour courir � votre perte; j'ai b�ti le pont sur lequel vous avez pass�; j'ai creus� la caverne que vous avez travers�e; je suis le m�decin qui vous encourageait � marcher; le corbeau qui vous criait de vous battre. H�las! souviens-toi des oracles, dit Topaze: _Si tu vas � l'orient, tu seras � l'occident_. Oui, dit �b�ne, on ensevelit ici les morts le visage tourn� � l'occident: l'oracle �tait clair, que ne l'as-tu compris? _Tu as poss�d�, et tu ne poss�dais pas;_ car tu avais le diamant, mais il �tait faux, et tu n'en savais rien. Tu es vainqueur, et tu meurs; tu es Rustan, et tu cesses de l'�tre: tout a �t� accompli. Comme il parlait ainsi, quatre ailes blanches couvrirent le corps de Topaze, et quatre ailes noires celui d'�b�ne. Que vois-je? s'�cria Rustan. Topaze et �b�ne r�pondirent ensemble: Tu vois tes deux g�nies. Eh! messieurs, leur dit le malheureux Rustan, de quoi vous m�liez-vous ? et pourquoi deux g�nies pour un pauvre homme? C'est la loi, dit Topaze chaque homme a ses deux g�nies, c'est Platon qui l'a dit le premier[1], et d'autres l'ont r�p�t� ensuite; tu vois que rien n'est plus v�ritable: moi, qui te parle, je suis ton bon g�nie, et ma charge �tait de veiller aupr�s de toi jusqu'au dernier moment de ta vie; je m'en suis fid�lement acquitt�. [1] Voyez tome XXX, page 38. B. Mais, dit le mourant, si ton emploi �tait de me servir, je suis donc d'une nature fort sup�rieure � la tienne; et puis comment oses-tu dire que tu es mon bon g�nie, quand tu m'as laiss� tromper dans tout ce que j'ai entrepris, et que tu me laisses mourir moi et ma ma�tresse mis�rablement ? H�las! c'�tait ta destin�e, dit Topaze. Si c'est la destin�e qui fait tout, dit le mourant, � quoi un g�nie est-il bon ? Et toi, Eb�ne, avec tes quatre ailes noires, tu es apparemment mon mauvais g�nie? Vous l'avez dit, r�pondit �b�ne. Mais tu �tais donc aussi le mauvais g�nie de ma princesse ? Non, elle avait le sien, et je l'ai parfaitement second�. Ah! maudit �b�ne, si tu es si m�chant, tu n'appartiens donc pas au m�me ma�tre que Topaze ? vous avez �t� form�s tous deux par deux principes diff�rents, dont l'un est bon, et l'autre m�chant de sa nature ? Ce n'est pas une cons�quence, dit �b�ne, mais c'est une grande difficult�. Il n'est pas possible, reprit l'agonisant, qu'un �tre favorable ait fait un g�nie si funeste. Possible ou non possible, repartit �b�ne, la chose est comme je te le dis. H�las! dit Topaze, mon pauvre ami, ne vois-tu pas que ce coquin-l� a encore la malice de te faire disputer pour allumer ton sang et pr�cipiter l'heure de ta mort? Va, je ne suis gu�re plus content de toi que de lui, dit le triste Rustan: il avoue du moins qu'il a voulu me faire du mal; et toi, qui pr�tendais me d�fendre, tu ne m'as servi de rien. J'en suis bien f�ch�, dit le bon g�nie. Et moi aussi, dit le mourant; il y a quelque chose l�-dessous que je ne comprends pas. Ni moi non plus, dit le pauvre bon g�nie. J.'en serai instruit dans un moment, dit Rustan. C'est ce que nous verrons, dit Topaze. Alors tout disparut. Rustan se retrouva dans la maison de son p�re, dont il n'�tait pas sorti, et dans son lit o� il avait dormi une heure. Il se r�veille en sursaut, tout en sueur, tout �gar�; il se t�te, il appelle, il crie, il sonne. Son valet de chambre, Topaze, accourt en bonnet de nuit, et tout en b�illant. Suis-je mort, suis-je en vie? s'�cria Rustan; la belle princesse de Cachemire en r�chappera-t-elle?.... Monseigneur r�ve-t-il ? r�pondit froidement Topaze. Ah! s'�criait Rustan, qu'est donc devenu ce barbare �b�ne avec ses quatre ailes noires ? c'est lui qui me fait mourir d'une mort si cruelle.--Monseigneur, je l'ai laiss� l�-haut qui ronfle; voulez-vous qu'on le fasse descendre?--Le sc�l�rat! il y a six mois entiers qu'il me pers�cute; c'est lui qui me mena � cette fatale foire de Cabul; c'est lui qui m'escamota le diamant que m'avait donn� la princesse; il est seul la cause de mon voyage, de la mort de ma princesse, et du coup de javelot dont je meurs � la fleur de mon �ge. Rassurez-vous, dit Topaze; vous n'avez jamais �t� � Cabul; il n'y a point de princesse de Cachemire; son p�re n'a jamais eu que deux gar�ons qui sont actuellement au coll�ge. Vous n'avez jamais eu de diamant; la princesse ne peut �tre morte, puisqu'elle n'est pas n�e; et vous vous portez � merveille. Comment! il n'est pas vrai que tu m'assistais � la mort dans le lit du prince de Cachemire? Ne m'as-tu pas avou� que, pour me garantir de tant de malheurs, tu avais �t� aigle, �l�phant, �ne ray�, m�decin, et pie?--Monseigneur, vous avez r�v� tout cela: nos id�es ne d�pendent pas plus de nous dans le sommeil que dans la veille. Dieu a voulu que cette file d'id�es vous ait pass� par la t�te, pour vous donner apparemment quelque instruction dont vous ferez votre profit. Tu te moques de moi, reprit Rustan; combien de temps ai-je dormi?--Monseigneur, vous n'avez encore dormi qu'une heure.--Eh bien! maudit raisonneur, comment veux-tu qu'en une heure de temps j'aie �t� � la foire de Cabul il y a six mois, que j'en sois revenu, que j'aie fait le voyage de Cachemire, et que nous soyons morts, Barbabou, la princesse, et moi?--Monseigneur, il n'y a rien de plus ais� et de plus ordinaire, et vous auriez pu r�ellement faire le tour du monde, et avoir beaucoup plus d'aventures en bien moins de temps. N'est-il pas vrai que vous pouvez lire en une heure l'abr�g� de l'histoire des Perses, �crite par Zoroastre? cependant cet abr�g� contient huit cent mille ann�es. Tous ces �v�nements passent sous vos yeux l'un apr�s l'autre en une heure; or vous m'avouerez qu'il est aussi ais� � Brama de les resserrer tous dans l'espace d'une heure que de les �tendre dans l'espace de huit cent mille ann�es; c'est pr�cis�ment la m�me chose. Figurez-vous que le temps tourne sur une roue dont le diam�tre est infini. Sous cette roue immense est une multitude innombrable de roues les unes dans les autres; celle du centre est imperceptible, et fait un nombre infini de tours pr�cis�ment dans le m�me temps que la grande roue n'en ach�ve qu'un. Il est clair que tous les �v�nements, depuis le commencement du monde jusqu'� sa fin, peuvent arriver successivement en beaucoup moins de temps que la cent-milli�me partie d'une seconde; et on peut dire m�me que la chose est ainsi. Je n'y entends rien, dit Rustan. Si vous voulez, dit Topaze, j'ai un perroquet qui vous le fera ais�ment comprendre. Il est n� quelque temps avant le d�luge, il a �t� dans l'arche; il a beaucoup vu; cependant il n'a encore qu'un an et demi: il vous contera son histoire, qui est fort int�ressante. Allez vite chercher votre perroquet, dit Rustan; il m'amusera jusqu'� ce que je puisse me rendormir. Il est chez ma soeur la religieuse, dit Topaze; je vais le chercher, vous en serez content; sa m�moire est fid�le, il conte simplement, sans chercher � montrer de l'esprit � tout propos, et sans faire des phrases. Tant mieux, dit Rustan, voil� comme j'aime les contes. On lui amena le perroquet, lequel parla ainsi. _N. B._ Mademoiselle Catherine Vad� n'a jamais pu trouver l'histoire du perroquet dans le portefeuille de feu son cousin Antoine Vad�, auteur de ce conte. C'est grand dommage, vu le temps auquel vivait ce perroquet.--Cette note existe d�s 1764. B. *** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK, LE BLANC ET LE NOIR *** This file should be named betn810.txt or betn810.zip Corrected EDITIONS of our eBooks get a new NUMBER, betn811.txt VERSIONS based on separate sources get new LETTER, betn810a.txt Project Gutenberg eBooks are often created from several printed editions, all of which are confirmed as Public Domain in the US unless a copyright notice is included. Thus, we usually do not keep eBooks in compliance with any particular paper edition. We are now trying to release all our eBooks one year in advance of the official release dates, leaving time for better editing. Please be encouraged to tell us about any error or corrections, even years after the official publication date. Please note neither this listing nor its contents are final til midnight of the last day of the month of any such announcement. The official release date of all Project Gutenberg eBooks is at Midnight, Central Time, of the last day of the stated month. 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They tell us you might sue us if there is something wrong with your copy of this eBook, even if you got it for free from someone other than us, and even if what's wrong is not our fault. So, among other things, this "Small Print!" statement disclaims most of our liability to you. It also tells you how you may distribute copies of this eBook if you want to. *BEFORE!* YOU USE OR READ THIS EBOOK By using or reading any part of this PROJECT GUTENBERG-tm eBook, you indicate that you understand, agree to and accept this "Small Print!" statement. If you do not, you can receive a refund of the money (if any) you paid for this eBook by sending a request within 30 days of receiving it to the person you got it from. If you received this eBook on a physical medium (such as a disk), you must return it with your request. ABOUT PROJECT GUTENBERG-TM EBOOKS This PROJECT GUTENBERG-tm eBook, like most PROJECT GUTENBERG-tm eBooks, is a "public domain" work distributed by Professor Michael S. 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